Les Femmes Savantes

C’est dans une cuisine de formica et de lino, sortie d’un film d’Almodovar, qu’Agnès Larroque a choisi de placer ces femmes savantes « au bord de la crise de nerfs ». Ce décor burlesque fournit aux comédiennes qui endossent tous les rôles, les ressorts et les situations de cette farce dans laquelle la grimace comique est au service d’une peinture juste du réel. Cette cuisine en décalage avec la langue du xvii^e, nous rend celle-ci familière, drôle et savoureuse. Ce lieu de la chair et de la nourriture vient heurter les plaisirs de l’esprit auxquels aspirent ses femmes savantes. Comme toujours chez Molière, il est question d’émancipation. Entièrement féminine, la distribution déjoue l’image simpliste de cette comédie, trop longtemps prise par les hommes pour preuve du danger qu’il y aurait à trop enseigner des êtres auxquels la cuisine conviendrait davantage que les sciences et la philosophie. Ce sont bien des pédants dont on se rit ici et non des femmes, d’un rire critique, intelligent et insolent.