Romances inciertos, un autre Orlando
Voyage chanté autant que chorégraphique, Romances inciertos s'articule en trois actes, à l'instar d'un souvenir d'opéra-ballet, et puise dans les musiques espagnoles de tradition des XVIe et XVIIe siècles. Endossant des identités diverses – une jeune fille déguisée en soldat, la figure de San Miguel troublante d’androgynie ou la Tarara à la personnalité complexe et sulfureuse – François Chaignaud donne sur scène la pleine mesure de son talent. Monté sur échasses, voilé par un chapeau, drapé d’une étole, cet interprète d’exception est l’incarnation même, c’est-à-dire fantasmée, de ces personnages. Le quatuor de musiciens qui l’accompagne brode des motifs d’une rare délicatesse sur théorbe, viole de gambe, bandonéon ou percussions. Au sein de ce délicat écrin baroque, le résultat, dont Nino Laisné assure la mise en scène et la direction musicale, prend les contours d’un tableau vivant. Hors temps, à la fois d’hier et d’aujourd’hui, cette création fascine par son audace certaine entre tradition et modernité. Du grand art.
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