Toute nue

Feydeau et Norén partagent dans leur théâtre humour, folie et férocité. Si un siècle sépare les deux dramaturges, les places qu’y occupent l’homme et la femme ont peu évolué. Chacun est assigné à des figures imposées. Ici Clarisse, épouse d’un jeune député qui se verrait bientôt ministre et pourquoi pas à l’Élysée, bouscule la norme. Cette pièce additionne à la comédie de Feydeau des scènes puisées chez Norén, qui prolongent les ambitions de réussite sociale souvent liées à des enjeux plus intimes de reconnaissance, de dépendance et de pouvoir. Tel que Feydeau l’a écrit, cet après-midi caniculaire chez les Ventroux est mené tambour battant (le valet est joué par un batteur !). Les personnages ne connaîtront aucun moment de répit, filmés en permanence sur le plateau et en coulisses, comme dans notre société ultraconnectée, où les écrans diffusent en permanence l’image de notre intimité fantasmée ne nous laissant dans cette pseudo transparence plus aucune échappatoire.