Platonov

L’ an passé, nous avions reçu leur Oncle Vania. Cette saison, le collectif Les Possédés, rejoint par Emmanuelle Devos, revient à Tchekhov comme on retourne dans sa maison d’enfance. On est à la campagne, dans la propriété d’Anna Petrovna, une jeune veuve accablée de dettes. Il y a là des banquiers, des propriétaires sentimentaux, des pique-assiettes douteux, des jeunes femmes belles et déterminées, des retraités repus et fatigués… Au milieu de tout ça s’agite Platonov. Platonov, un homme promis à un brillant avenir d’intellectuel, mais qui a hérité d’un banal présent. C’est par cet être attirant, répugnant et immoral que le drame arrive. Contre l’ennui, Tchekhov dresse le désir, tous les désirs, d’aimer, de détruire, d’être riche, et peu importe que ces élans soient grandioses ou ridicules : s’il y a ici échec de la vie, il flamboie ! Chez les Russes, il semble qu’on puisse se noyer en ayant un fou rire.